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Le mensonge de l'évangile du dominionisme

Dominionisme : doctrine qui appelle les chrétiens à entrer en gouvernance du Monde, en intégrant l’ensemble des rouages décisionnels de la société, afin de la diriger (d’en prendre le leadership) dans le but d’établir le royaume de Dieu sur la terre. Ce serait la pleine réalisation de ce dessein qui permettrait le retour du Seigneur, c’est-à-dire lorsque le christianisme aura véritablement pris sa place de leadership de la société. Pas avant

Le dominionisme n’est pas un phénomène marginal de la sphère évangélique et mérite aujourd’hui toute notre attention, parce qu’il a la prétention de changer la compréhension et de l’expression du christianisme, et qu’il fait bouger les lignes de l’eschatologie. On retrouve les traces de son inspiration, directe ou indirecte, dans de nombreux ouvrages chrétiens, souvent des best-sellers, qui garnissent les rayons des librairies chrétiennes, et qui influencent les enseignements donnés dans les églises. On peut citer quelques-uns des principaux porteurs de cette vision : C. Peter Wagner, Rodney Howard Brown et John Arnott (Toronto Airport), Benny Hinn, Bill Johnson (Bethel Church), Rick Joyner, Paul Cain, Bill Hamon, Chuck Pierce, Todd Bentley, Tommy Tenney, Mike et Cindy Jacobs, Chuck Colson, Jill Austin, Mike Bickle, Loren Cunningham, … (la liste est longue), ainsi que toute une galaxie d’autres ministères sympathisants, ou compatibles avec son message. 

Origine L’idée est apparue dès les premiers siècles de notre ère, mais de manière très isolée. Parmi quelques personnalités de l’antiquité, on retiendra principalement Méliton de Sardes (apologète chrétien de la seconde moitié du 2e siècle) dont certains enseignements vont servir de fondement à l’établissement d’une théologie de l’empire chrétien qui sera développée un peu plus tard par l’entourage de l’empereur Constantin Ier. Méliton de Sardes est également connu comme l’un des premiers théologiens à accuser les Juifs d’avoir « tué Dieu », (dans sa fameuse Homélie de Pâque), ce qui donnera naissance à une vision antisémite qui va s’installer dans la tradition chrétienne, ainsi qu’à une théologie de la susbtitution. Eusèbe de Césarée (théologien et apologète chrétien début 3è siècle), un des dignitaires chrétiens les plus proches de l’empereur Constantin Ier (qu’il a beaucoup flatté dans la Vie hagiographique qu’il lui a consacré), sera le véritable théoricien de « l’Empire chrétien » et de la « mission divine » supposément confiée par Dieu à Constantin. Il s’agit d’une confusion entre le « faites de toutes les nations des disciples » et le désir de christianiser le monde, ce qui n’est pas la même chose. L’Histoire a démontré de manière évidente tous les effets pervers de ce dominionisme-là, dont la cascade de conséquences (conquêtes, guerres, croisades, persécutions) a commencé avec une interprétation déséquilibrée du dessein divin. Nous devons nous souvenir de ces fruits, car il s’agit de la même semence spirituelle qui cherche à se relever et à prospérer aujourd’hui. 

Retour en force Plus récemment, cette thèse a refait son apparition dans les années 80 aux États-Unis, qui sont devenus le véritable foyer de son renouveau, grâce à une modernisation du concept et une hyper-spiritualisation du message — pensé comme une “stratégie missionnaire” et une “guerre de reconquête de territoires spirituels” — par quelques ministères influents, regroupés aujourd’hui dans le mouvement appelé « la Nouvelle Réforme Apostolique » (en anglais : N.A.R / New Apostolic Reformation). Le terme «dominionisme» (peu utilisé en français) vient du mot «dominion», qui se trouve dans plusieurs versions anglaises de la Bible, par exemple dans Genèse 1/28 : « Et Dieu les bénit; et Dieu leur dit: Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre et l’assujettissez, et dominez («have dominion») sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, et sur tout être vivant qui se meut sur la terre ». C’est principalement sur ce verset que repose la théologie dominioniste : on considère que le mandat d’autorité sur les nations revient à chaque croyant, en Jésus-Christ, depuis que ce dernier a remis les clés à Pierre, symbolisant l’Église : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (Matthieu 16/18, 19). Cet argument se trouverait renforcé par Ps. 2/8 : « Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage » : en Christ, dans lequel chaque chrétien se trouve (nous dit-on, sans trop préciser ce qu’on entend par “chrétien”), cette prière peut être faite et exaucée. Le dominionisme considère que le peuple de Dieu est appelé à être la tête et non la queue[5], il doit donc gouverner. Sur cette base, il appartient donc au peuple racheté de reprendre concrètement l’autorité encore abusivement détenue par le diable, par une conquête de l’ensemble des différentes sphères de la société. Ces points sont enseignés par exemple dans le livre « Quand le ciel envahit la terre » de Bill Johnson de Bethel Church. Selon les enseignants du mouvement N.R.A., Dieu restaurera la puissance de l’église originelle pour les croyants qui se lèveront dans cette guerre de reconquête, en accordant la restitution de signes et de miracles semblables à ceux qui étaient présents dans l’église originelle (voir ici l’article de JMThobois). « Un nouveau mouvement de signes et prodiges arrive qui est nettement supérieur à celui que l’on pouvait voir à l’époque des évangélistes post seconde guerre mondiale. Des centres de guérison que l’on construira partout dans le monde, des centres dédiés à la prière pour les malades et à la délivrance, seront une part du fruit de ce mouvement …Une des particularité de ce mouvement sera la résurrection des morts. Ceci mettra fin à la stérilité de l’église et il en résultera une si grande fécondité au point que des villes entières vont se tourner vers Christ et être transformées. Ce mouvement de Dieu sera tellement puissant que l’église se rassemblera dans des stades lors des cultes…. Cela croitra en dehors de ce que certains appellent le «Mouvement des Saints», dans lequel un grand nombre de croyants ordinaires seront mobilisés afin de gagner les perdus, de chasser les démons et de guérir les malades. » (Cindy Jacobs, ministère prophétique du N.R.A., dans “Les Généraux de l’Intercession”). Dans le dernier étage de la «fusée» dominioniste se trouve une vision plus mystique : selon certains enseignements, Dieu a prévu d’opérer une transfiguration/transformation spirituelle complète de cette église, dont les membres revêtiront des corps incorruptibles à un certain moment de leur ministère terrestre. Ils seront comme le Seigneur, et marcheront avec un pouvoir créateur, celui de la Parole. Ces points particuliers ont été jadis au centre de communications prophétiques oubliées d’une mystique anglaise appelée Jane Leade (1623-1704). Ils ont réapparu dans les messages surinterprétés de quelques revivalistes du XXème siècle, comme par exemple William M. Branham, ou John G. Lake, dont les ministères étaient remplis de miracles et de guérisons. Aujourd’hui, ces “vérités” sont relookées et proposées (vendues en réalité) aux chrétiens dans des livres à succès, comme ceux de Rick Joyner, ou de Bill Johnson. Dans les milieux chrétiens américains où il est enseigné, le dominionisme a clairement pour objectif de pénétrer les sphères de pouvoir (législatif, politique…) afin de prendre véritablement le contrôle du gouvernement. C’est pourquoi on soupçonne les évangéliques qui en font la promotion de travailler à l’instauration d’une théocratie qui ne dit pas son nom. Ce qui est bien évidemment rejeté par la société laïque, dont les médias (et les opposants politiques, en l’occurence souvent le camp démocrate) traquent les chrétiens aux discours considérés comme fanatisés, comme ceux de Bill Hamon : « Maintenant commençons à prier ardemment que la domination totale de Son royaume soit établie effectivement sur toutes les nations et peuples de la terre […] Ils prieront et déclareront que c’est le temps pour que soit établi le royaume de Dieu sur toute la terre par l’autorité et le ministère délégué de l’église de Christ » (Bill Hamon, impliqué dans la Nouvelle Réforme Apostolique, depuis le début du mouvement). La vision des 7 montagnes Le dominionisme/Royaume Maintenant/Restaurationnisme qui s’est développé aux États-Unis est assez bien résumé par « la vision des 7 montagnes », rendue populaire à l’origine par C. Peter Wagner, qui est un des initiateurs de la « Nouvelle Réforme Apostolique ». Elle fait l’apologie de cette nouvelle manière d’envisager le christianisme, en exhortant les chrétiens à reconquérir les 7 sphères de pouvoir, de puissance et d’autorité: la Famille, l’Éducation, la Politique, les Affaires (l’économie), les Médias (la communication), la Culture (les Arts et spectacles), et la Religion (dans son sens moral et spirituel). 

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